Solitude du CTO en scaleup : un risque stratégique ignoré

👉 Le mythe du CTO-héros reste tenace.

Dans l’imaginaire collectif, le CTO est ce gourou tech capable de tout faire : coder, recruter, arbitrer, scaler, manager, sécuriser, pitcher au board… le tout sans jamais faillir.

Un fantasme persistant — mais surtout, une vision dépassée.

Solitude CTO scale-up : un angle mort organisationnel

La réalité est toute autre.

Ce qui met une scale-up en danger, ce n’est pas un CTO “insuffisant”, mais la solitude systémique dans laquelle il est maintenu, souvent inconsciemment.

Dans une startup early stage, le CTO peut (parfois) tout faire : il est dans le code, gère l’infra, supervise les premiers recrutements. Mais en phase de scale, l'expérience change brutalement :

• L’équipe passe de 5 à 30 développeurs en quelques mois
• Le produit est en production avec des milliers d’utilisateurs
• La dette technique s’accumule
• Les enjeux de sécurité, performance, compliance deviennent critiques
• Les arbitrages tech ont un impact budgétaire majeur
• Le COMEX attend une vision claire et des résultats rapides

👉 Autrement dit : le rôle du CTO est devenu trop vaste pour être porté seul.

Et pourtant, trop d’organisations persistent dans un modèle dépassé. Elles sur-sollicitent leur CTO, sans lui donner les leviers pour réussir.

Un CTO isolé, c’est plus qu’un symptôme : c’est un risque business

Quand la compétence technique repose sur une seule tête, que se passe-t-il si cette tête flanche… ou part ?

➡️ Un delivery qui ralentit  ➡️ Une roadmap floue  ➡️ Une équipe désorganisée  ➡️ Une levée de fonds fragilisée

Et surtout : des décisions stratégiques prises à l’aveugle, car la tech devient une boîte noire pour le COMEX.

Trois profils types du CTO isolé (et leurs impacts)

1. Le CTO “code-first” — brillant mais en retrait

Il passe 90 % de son temps dans le code, là où il excelle et se sent légitime.

Conséquences :

• Aucune prise de recul
• Roadmap floue
• Leadership absent
• Décisions structurantes repoussées

👉 La dette technique explose, le produit et les équipes avancent sans direction.

2. Le CTO “pare-feu” — sur tous les fronts, tout le temps

Il gère tout les sujets : Slack, daily meetings, entretiens, urgences. Il “tient la baraque” seul… jusqu’au burn-out.

Conséquences :

• Delivery chaotique
• Turnover élevé
• Fatigue organisationnelle
• Déconnexion du stratégique

👉 Ce modèle épuise la tech, et la culture d’équipe avec.

3. Le CTO “boîte noire” — inaudible au COMEX

Il n’a ni le temps ni les codes pour dialoguer avec le board. Il devient flou, incompris, parfois perçu comme un frein.

Conséquences :

• Arbitrages mal compris
• Mauvaise évaluation des enjeux tech
• Exécution déconnectée de la stratégie
• Tech perçue comme un centre de coût opaque

👉 Le CTO oublie une partie essentielle de son rôle de leader

Aucun CTO ne peut tout faire. Et ce n’est pas ce qu’on doit attendre de lui.

Architecture, delivery, infra, sécurité, produit, RH, finance, stratégie de levée… Attendre d’un CTO qu’il maîtrise tout, c’est une impasse.

Ce que Hones observe sur le terrain : les meilleurs CTO sont lucides sur leurs limites. Mais ils manquent de cadres clairs pour déléguer efficacement.

Déléguer, ce n’est pas renoncer : c’est structurer

Les entreprises qui scalent proprement ne cherchent pas un super-héros tech. Elles construisent une organisation robuste, avec une gouvernance tech adaptée.

Les leviers concrets activés par nos clients :

• VP Engineering part-time pour sécuriser le delivery
• Sparring partner CTO pour prendre du recul stratégique sur l'ensemble des sujets
• Task force tech pour sécuriser les pivots ou les situations critiques
• Tech Advisory Board pour challenger les décisions au long cours

👉 Ces dispositifs ne sont pas des rustines. Ce sont des systèmes de résilience tech.

Ce que ça change pour l’entreprise

• Un delivery plus fluide, des sprints structurés
• Moins de dépendance à une seule personne
• Un meilleure alignement roadmap-business
• Une communication COMEX-tech fluide
• Moins de gestion de crise, plus de vision

👉 En clair : une tech qui crée de la valeur.

COMEX : agir avant que ça casse

Souvent, Hones est appelé trop tard : roadmap explosée, CTO à bout, levée de fonds en péril.

Pourtant, dans 80 % des cas, les signaux faibles étaient visibles. Personne n’a su (ou osé) les interpréter.

Le bon réflexe côté direction :

• Faire auditer l’organisation tech dès les premiers doutes
• Identifier les dépendances critiques
• Outiller le CTO plutôt que l’isoler
• Déployer un VP Engineering fractional ou un coach

👉 Ce n’est pas une remise en cause du CTO. C’est une mesure de soutien à haute valeur stratégique.

Conclusion : le vrai risque, c’est de ne rien faire

La solitude du CTO en scale-up n’est pas une faiblesse individuelle. C’est une faille systémique dans votre entreprise.

Chaque semaine de retard, c’est une dette technique qui s’alourdit.

Chaque silence en COMEX, c’est une vision qui s’éloigne de l’exécution.

Chaque recrutement raté, c’est une perte de vitesse dans la course au scale.

Alors que faire ?

Il ne s’agit pas de sur-ingénieriser.  Il s’agit de passer d’un modèle centré sur une personne à un modèle centré sur la robustesse.

✅ Formaliser un système de gouvernance tech où les responsabilités sont partagées.

✅ Clarifier les rôles : qui pilote le delivery ? Qui arbitre les priorités ? Qui fait le lien avec le COMEX ?

✅ Mettre en place des rituels réguliers de synchronisation entre tech, produit et business.

✅ Créer des points de relecture externes pour éviter les angles morts (coaching, advisory board, auditeurs).

✅ S'assurer que le CTO a un espace de respiration stratégique, pour prendre du recul et anticiper.

La séniorité, ce n’est pas faire seul.  C’est savoir s’entourer, déléguer intelligemment, structurer une organisation qui tient la route même quand la personne clé s’absente.

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