Contrôler votre tech

Bus Factor : le chiffre qui peut faire s’effondrer votre startup

Votre startup peut-elle survivre au départ d’un profil clé ? Découvrez pourquoi le Bus Factor est un risque majeur pour votre organisation tech.

Matthieu Sénéchal

06.11.2025

Imaginez que votre CTO démissionne demain. Ou que votre lead dev parte sur un coup de tête, sans préavis. Ou simplement qu’un expert clé tombe malade pendant deux mois.

Que se passe-t-il alors ? L’équipe s’adapte ? Ou la boîte s’arrête ?

C’est là qu’entre en jeu un indicateur souvent négligé, mais redoutablement révélateur : le Bus Factor. Un concept un peu abrupt dans sa formulation, mais terriblement pertinent dès qu’on parle de scalabilité, de delivery, de roadmap ou de continuité opérationnelle.

1. Bus Factor : le nombre qui mesure votre vulnérabilité organisationnelle

Le Bus Factor (ou "bus number") désigne le nombre de personnes pouvant quitter le projet avant que celui-ci ne devienne invivable.

Autrement dit : combien de départs votre équipe peut-elle encaisser avant de perdre le contrôle ?

Si ce nombre est égal à 1, cela signifie qu’un seul départ critique suffirait à paralyser tout ou partie de votre activité tech.

Et dans de nombreuses startups, c’est exactement le cas. Derrière des process agiles, une vélocité affichée et un discours produit bien huilé, la connaissance reste souvent concentrée dans les mains de quelques profils-clés, voire d’un seul. Jusqu’au jour où ces profils ne sont plus là.

C’est un risque quotidien, tangible, amplifié par la culture de l’urgence et le manque de structuration.

2. Pourquoi la tech est particulièrement exposée à ce risque

Le Bus Factor est un indicateur transversal, mais c’est dans les organisations tech qu’il devient réellement explosif. Et pour cause :

  • La stack évolue en permanence, souvent documentée a minima.
  • L’expertise métier s’entremêle à l’architecture logicielle, souvent sans passer par des relais clairs.
  • L'organisation n'est souvent pas assez efficiente pour prendre le temps de documenter, partager l'information ou faire monter les autres en compétence.
  • La culture dominante valorise encore le héros tech : celui ou celle qui “sait tout”, qui “sauve” les releases, qui “connait par cœur” les arcanes du système.

Résultat : un départ, un burnout ou un simple congé peut suffire à bloquer une livraison critique, ralentir l'équipe entière ou rendre inopérant un pan complet du produit.

Et quand ce savoir n’est pas formalisé, ce qui est le cas dans 8 startups sur 10 qu’on accompagne, le risque ne se voit pas… jusqu’à ce qu’il vous explose à la figure.

3. CEO : pourquoi ce sujet vous concerne directement

Dans beaucoup d’équipes, la tech est devenue une boîte noire.

On vous parle vélocité, dette, legacy, build vs buy, et vous hochez la tête, tout en sentant que vous perdez le fil. Le risque, ce n’est pas seulement de ne plus tout comprendre.

Le risque, c’est de ne plus rien pouvoir piloter.

Un faible Bus Factor, c’est un problème d’ingénierie, oui. Mais c’est surtout :

  • Un risque stratégique : votre capacité à exécuter votre vision dépend de la disponibilité d’un individu.
  • Un risque financier : un profil qui part sans passation, c’est des semaines de delivery perdues, des recrutements à l’aveugle, des décisions suspendues.
  • Un risque réputationnel : pour vos investisseurs, vos clients, votre board. “Tout repose sur X” est rarement une phrase rassurante.

Et soyons lucides : la plupart des CEO découvrent leur Bus Factor au pire moment. En plein closing, en plein audit, ou quand la prod saute à 2h du matin et que “seul Victor a les accès”.

4. Reprendre le contrôle : comment remonter son Bus Factor avant qu’il ne soit trop tard

Ce n’est pas une fatalité. Un Bus Factor faible peut être remonté en quelques semaines à condition de le traiter pour ce qu’il est : un sujet de résilience organisationnelle, pas juste de documentation technique.

Voici les leviers à activer :

Cartographier la dépendance

Avant toute chose, il faut savoir qui détient quoi.

Qui sont les détenteurs de savoirs critiques ? Quelles briques techniques, quelles fonctions métiers, quelles décisions passent par eux seuls ?

Ce diagnostic est souvent une claque salutaire pour les CEO.

Formaliser la connaissance

Ce n’est pas le moment d’écrire un manuel ISO.

Mais de poser, au minimum : les accès, les runbooks critiques, les logiques d’architecture, les dépendances techniques.

Un bon onboarding est souvent le meilleur antidote à un mauvais Bus Factor.

Travailler en binômes

Là où une personne est irremplaçable, on structure un binôme volontairement asymétrique : un profil opérationnel et un profil de backup qui monte en compétence progressivement.

Pas besoin de symétrie parfaite. L’objectif, c’est de ne jamais dépendre d’un seul cerveau.

Préparer la succession

Anticiper les départs est un signe de maturité, pas de défiance.

Un plan de succession, c’est une feuille de route claire pour réduire la dépendance, transmettre, recruter ou renforcer, sans attendre que la crise éclate.

S’équiper pour mieux piloter

Quand on est CEO non-tech, il faut pouvoir challenger la tech sans s’y perdre.

Chez Hones, c’est précisément ce qu’on fait via notre offre Shadow CTO ou nos missions de plan de succession tech : vous redonner la lecture critique nécessaire pour décider, arbitrer, et anticiper les zones de vulnérabilité.

En conclusion

Le Bus Factor n’est pas une notion théorique.

C’est un indicateur vital pour toute startup tech qui veut assurer la continuité opérationnelle de leur organisation.

Et c’est l’un des meilleurs révélateurs de votre capacité à durer, à recruter intelligemment, et à exécuter votre vision sans fragilité cachée.

Alors, posez-vous franchement la question :

Combien de personnes peuvent partir demain sans que votre startup ne s’écroule ?

Contenu mis à jour le :

06.11.2025

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